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seconde patrie.

Salut. Mais, au delà du cap de l’Espoir-Trompé, la côte allait être reconnue sur une dizaine de lieues environ. Sans compter la pinasse, M. Zermatt possédait maintenant une chaloupe, qui fut construite sous sa direction. En outre, à la demande de Fritz, on fabriqua un de ces légers canots à la mode groënlandaise, connus sous le nom de kaïak, en utilisant pour la membrure les fanons d’une baleine qui s’était échouée à l’entrée de la baie des Flamants, et des peaux de chien de mer pour la coque. Ce canot portatif, imperméable, grâce à son calfeutrage de goudron et de mousse, était muni de deux ouvertures où deux, pagayeurs pouvaient prendre place ; la seconde devait être hermétiquement fermée lorsque la première était seule occupée. Après avoir été lancé dans le courant du ruisseau des Chacals qui le porta hors de la baie du Salut, il se conduisit merveilleusement.

Dix ans s’écoulèrent sans incidents graves. M. Zermatt, alors âgé de quarante-cinq ans, jouissait d’une santé inaltérable, d’une endurance morale et physique que les éventualités d’une existence si peu ordinaire n’avaient l’ait qu’accroître, Betsie, énergique mère de quatre fils, entrait dans sa quarante-troisième année. Ni son corps ni son cœur n’avaient faibli, ni son amour pour son époux, ni sa tendresse pour ses enfants.

Fritz, vingt-cinq ans, d’une vigueur, d’une souplesse, d’une adresse remarquables, physio-