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seconde patrie.

petite colonie. C’est là que la famille pourvut à l’entretien des animaux domestiques et de ceux qu’elle avait domestiqués, un onagre, deux buffles, une autruche, un chacal, un singe, un aigle. Là réussirent les plantations indigènes, les arbres fruitiers dont le Landlord possédait un assortiment complet, orangers, pêchers, pommiers, abricotiers, châtaigniers, cerisiers, pruniers, même des ceps de vigne, qui sous cet ardent soleil allaient produire un vin supérieur au vin de palme des tropiques.

Sans doute, la nature favorisa les naufragés : mais leur part de travail, d’énergie, d’intelligence, lut considérable. Elle amena la prospérité de cette terre, à laquelle, en souvenir de leur patrie, ils donnèrent le nom de Nouvelle-Suisse.

Avant la fin de la première année, il ne restait plus rien du navire échoué sur l’écueil. Une explosion, préparée par Fritz, en dispersa les derniers débris qui furent recueillis sur divers points de la côte. Il va sans dire que, préalablement, on en avait retiré tout ce qu’il contenait de précieux, les objets destinés ad commerce avec les planteurs de Port-Jackson ou les sauvages de l’Océanie, les bijoux appartenant aux passagers, montres, tabatières, bagues, colliers, et, en argent et en or, des piastres pour une somme assez considérable, mais sans valeur sur cette terre perdue de l’océan Indien. En revanche, de quelle utilité