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seconde patrie.

Chacals, en souvenir d’une attaque de ces carnassiers. Mais, entre ces hautes roches, la chaleur, que ne tempérait point la brise de mer, devenait étouffa nie. Aussi M. Zermatf résolut de s’établir sur la partie de la côte qui courait sud et nord, un peu au delà de la baie du Salut, à laquelle fut attribué ce nom significatif.

Lors d’une excursion faite à l’extrémité du bois magnifique, non loin de la mer, M. Zermatt s’arrêta devant un énorme manglier, de l’espèce des mangliers de montagne, dont les basses branches s’étalaient à une soixantaine de pieds au-dessus du sol. C’est en la disposant sur ces branches, que le père et ses fils parvinrent dresser une plate-forme avec les planches provenant du navire. Ainsi fut bâtie une habitation aérienne, recouverte d’une toiture solide et divisée en plusieurs chambres. Elle fut appelée Falkenhorst, « l’aire des faucons ». En outre, semblable à certains saules qui ne vivent que par leur écorce, ce manglier avait perdu la partie intérieure de son noyau, occupée par de nombreux essaims d’abeilles, et on put y installer un escalier tournant pour remplacer l’échelle de corde qui donnait primitivement accès à Falkenhorst.

Entre temps, des reconnaissances s’étendirent sur une distance de trois lieues jusqu’à l’extrémité du cap de l’Espoir-Trompé, baptisé de la sorte, après que M. Zermatt eut renoncé à retrouver passagers ou matelots du Landlord.