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seconde patrie.

Cette double détonation méritait une réponse, et la Licorne répondit par une salve de trois coups de canon que tira la batterie de bâbord.

Le lieutenant Littlestone n’avait plus qu’à attendre. Son navire, étant en réparation, n’aurait pu appareiller pour sortir de la baie et doubler la pointe du nord- est. Il s’en fallait de quelques jours qu’il fût en état de prendre la mer. Dans tous les cas, il ne doutait pas que les détonations de la corvette eussent été entendues, puisque le vent venait du large, et il regardait comme probable la prochaine arrivée d’un navire en vue de la baie.

Des vigies furent donc placées dans la mâture. Le soir, aucune voile n’avait encore apparu. La mer était déserte au nord, — déserte également cette étendue du littoral que limitait la courbure de la baie. Quant à mettre à terre un détachement, à l’envoyer en reconnaissance, le lieutenant Littlestone s’y refusa par prudence, ne se souciant pas de l’exposer à quelque mauvaise rencontre. D’ailleurs, les circonstances ne l’exigeaient pas impérieusement. Dès que la Licorne serait en mesure de quitter son mouillage, elle suivrait les contours de cette terre, dont on venait de relever le gisement avec une grande exactitude, — soit 19° 30’ de latitude et 114° 5’ de longitude à l’est du méridien de cette île de Fer, qui appartient au groupe des Canaries de l’océan Atlantique. Il n’était pas douteux que ce fut une île, car