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seconde patrie.

se pressèrent dans une commune étreinte.

Ainsi, la première impression que ressentit cette famille fut celle que donne la réalisation des plus chers désirs. Ne prenant de cet événement que ce qu’il comportait d’heureux, elle fut toute à l’espoir et à la reconnaissance envers le Ciel.

« Il convient d’abord de rendre grâce à Dieu, dont la protection ne nous a jamais manqué, dit François. C’est vers lui que doivent monter nos remerciements, c’est à lui que doivent s’adresser nos prières ! »

Il était naturel que François s’exprimât de la sorte. On sait de quels sentiments religieux il avait toujours été animé, et ils étaient devenus encore plus profonds avec l’âge. C’était un caractère droit, tranquille, rempli d’affection pour les siens, c’est-à-dire tout ce qui avait été pour lui l’humanité jusque-là. Le dernier des frères, il était cependant comme leur conseiller lors des bien rares froissements qui surgissaient entre les membres de cette famille si unie. Quelle aurait été sa vocation s’il eût vécu en son pays d’origine ?… Sans doute, il aurait cherché dans la médecine, le droit, le sacerdoce, à satisfaire ce besoin de dévouement qui était au fond de lui-même comme l’activité physique chez Fritz et Jack, l’activité intellectuelle chez Ernest. Il adressa donc à la Providence une fervente prière à laquelle se joignirent son père, sa mère, ses frères et Jenny.