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seconde patrie.

occidentale de l’Australie, la plus rapprochée en ces parages, – à moins qu’il n’existât quelque groupe d’îles aussi inconnues en cette portion de l’océan Indien que l’était la Nouvelle-Suisse avant l’arrivée de la corvette anglaise… Si ces sauvages étaient des Australiens, s’ils appartenaient à cette race placée au dernier degré de l’échelle humaine, on s’expliquait difficilement qu’ils eussent accompli une traversée de trois cents lieues à bord de leurs pirogues… Il se pouvait, toutefois, que des mauvais temps les eussent entraînés à une telle distance…

Et, maintenant ils avaient rencontré Jack, ils savaient que l’île était habitée par des hommes d’une autre race que la leur… Que feraient-ils ?… Devait-on craindre que leurs pirogues ne reprissent la mer en longeant le littoral, qu’ils finissent par découvrir la baie du Salut et la demeure de Felsenheim ?…

Il est vrai, l’arrivée de la Licorne ne devait plus tarder… Dans une ou deux semaines au plus tard, ses canons se feraient entendre… Et, lorsqu’elle serait mouillée à quelques encablures, aucun danger à redouter…

En effet, à cette date du 5 octobre, près d’un an s’était écoulé depuis le départ de la corvette. Or, il avait été convenu que son absence ne se prolongerait pas au delà d’une année. Aussi, chaque jour, s’attendait-on à la voir apparaître au large, et la batterie de l’îlot du Requin se tenait prête à répondre aux saluts que le lieu-