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seconde patrie.


« J’éprouvai une certaine satisfaction en voyant que mon fusil, dont ces sauvages ne connaissaient pas l’usage, et ma gibecière qu’ils avaient laissée intacte, avaient été déposés au pied d’une roche… Aussi, je me promis bien, si l’occasion s’en présentait, de régaler ces moricauds de quelques coups de feu… Une circonstance inattendue ne devait pas tarder à changer la situation.

« Vers neuf heures du soir, sur la lisière de la forêt, qui confinait aux falaises, se produisit un grand tumulte qui eut bientôt jeté l’épouvante parmi les naturels… Et quelle fut ma surprise en reconnaissant que ce tumulte était dû à l’arrivée d’une troupe d’éléphants, – une trentaine à tout le moins, – qui suivaient d’un pas tranquille le lit du rio vers la plage.

« Oui ! ce fut de l’épouvante !… Il n’était pas douteux que les sauvages se trouvaient pour la première fois en présence de ces énormes animaux… des bêtes avec des nez d’une longueur… et une sorte de main au bout…

« Et lorsque les trompes se relevèrent, se recourbèrent, s’entrechoquèrent, lorsqu’il s’en échappa des éclats de trompette, il y eut un sauve-qui-peut général… Les uns détalèrent à travers les roches, les autres essayèrent de remettre à flot leurs pirogues, tandis que les éléphants assistaient bonassement à toute cette débandade…

« Moi, je ne vis là qu’une occasion dont il y