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seconde patrie.

eu le temps de recharger les caronades… Pourquoi cette hâte de nous rejoindre ?…

— En effet, ils semblent pressés », répondit M. Zermatt.

Nul doute, ce point mouvant que la longue-vue permettait d’apercevoir un peu à la droite de l’îlot ne pouvait être que la légère embarcation, rapidement enlevée sous l’action de ses pagaies.

« C’est au moins singulier !… fit observer Mme Zermatt. Ont-ils quelque nouvelle à nous communiquer… quelque nouvelle importante ?…

— Je le pense, » répondit Jcnny.

Cette nouvelle serait-elle bonne, serait-elle mauvaise ?… Chacun se posait cette question sans essayer de la résoudre.

Tous les regards étaient dirigés vers le kaïak, qui grossissait à vue d’œil. En un quart d’heure, il fut à mi-chemin de l’îlot du Requin et de l’embouchure du ruisseau des Chacals. Fritz n’avait point hissé sa petite voile, car la brise mollissait et, rien qu’en manœuvrant leurs pagaies, les deux frères marchaient plus vite que le vent sur ces eaux à peine ridées de la baie du Salut.

Alors, il vint à la pensée de M. Zermatt d’observer si ce retour précipité n’était pas une fuite, si quelque pirogue de sauvages, poursuivant le kaïak, n’allait pas apparaître au tournant de l’îlot, ou même une embarcation de