Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

331
seconde patrie.

que le mieux serait de camper à cette place, puis d’y allumer un feu, d’abord parce que M. Wolston et Ernest pourraient l’apercevoir, ensuite parce que sa clarté servirait à éloigner les animaux dont les hurlements retentissaient dans le voisinage…

« Mais, auparavant, j’appelai à plusieurs reprises, en me tournant en tous les sens…

« Aucune réponse.

« Restait la ressource de tirer quelques coups de fusil, et je le fis par deux fois…

« Aucune détonation ne me répondit.

« Toutefois, il me sembla entendre, sur la droite, une sorte de glissement qui se produisait entre les herbes… J’écoutais et fus sur le point de crier… Mais la réflexion me vint que ce n’étaient ni M. Wolston ni mon frère qui venaient de ce côté… Ils m’eussent appelé, et nous aurions été déjà dans les bras les uns des autres.

« Il y avait donc là des animaux qui s’approchaient… des carnassiers… peut-être quelque serpent…

« Je n’eus pas le temps de me mettre sur la défensive… Quatre corps surgirent dans l’ombre… quatre créatures humaines… non des singes, comme je le crus au premier instant… En bondissant sur moi, ils vociféraient en une langue que je ne pouvais comprendre, et il ne fut que trop certain que j’avais affaire à des sauvages.