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seconde patrie.

refaire des forces en prenant place à la table où tous s’étaient assis, et voici en quels termes il raconta ses aventures :

« Mes chers parents, je vous demande pardon du chagrin que je vous ai causé… je me suis laissé entraîner par l’envie de capturer un jeune éléphant… je n’ai écouté ni M. Wolston ni Ernest, qui me rappelaient, et c’est miracle que je sois revenu sain et sauf !… Mais mon imprudence aura eu cela de bon, du moins, qu’elle va nous permettre d’organiser une sérieuse défense pour le cas où ces sauvages s’avanceraient jusqu’à la Terre-Promise et découvriraient Felsenheim…

« Je m’étais donc enfoncé au plus épais de la sapinière à la poursuite des trois éléphants, sans trop savoir, je l’avoue, comment je parviendrais à m’emparer du plus petit. Le père et la mère marchaient tranquillement, s’ouvrant passage entre les buissons, et ne s’apercevaient pas que je les suivais. Il est vrai, je me dérobais du mieux possible à leur vue et j’allais, ne songeant guère à me demander en quelle direction ils m’entraînaient avec Falb, non moins fou que moi, ni comment s’effectuerait mon retour !… Une force irrésistible me poussait en avant, et je continuai ainsi de m’éloigner pendant plus de deux heures, cherchant en vain le moyen d’attirer l’éléphanteau à l’écart.

« En effet, si j’eusse essayé d’abattre le père et la mère, combien de balles m’aurait-il fallu