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seconde patrie.

contraires persistaient, si, dans la soirée, si, dans la nuit, l’état atmosphérique ne se modifiait pas, s’il empirait même…

« Eh bien ! dit M. Wolston en répondant à ces questions qui venaient à l’esprit de tous, ce que nous ne pourrons tenter par mer, nous le tenterons par terre… Le chariot au lieu de la pinasse !… Tenons-le prêt à reprendre la route d’Eberfurt. »

On fit les préparatifs en vue de cette éventualité. Si le voyage s’effectuait avec le chariot, il y aurait lieu de se diriger vers le sud-est, afin de contourner la sapinière. L’attelage n’aurait pu y pénétrer, du moins dans la partie que M. Wolston et Ernest avaient explorée en avant de la chaîne. Dès lors, on chercherait à gagner l’extrémité orientale de la futaie, c’est-à-dire le point où devrait accoster l’Élisabeth, si un changement de vent lui permettait d’appareiller. Par malheur, le retard serait d’au moins trente-six heures, mais comment l’éviter ?…

L’espoir d’un changement de temps ne se réalisa pas. La brise ne cessa de souffler du nord-est en fraîchissant toujours. Le soir venu, de grosses lames battaient les grèves de Felsenheim. La nuit menaçait d’être mauvaise, et, devant cet état de choses, le projet de navigation dut être abandonné.

M. Wolston fit donc décharger les provisions qui avaient été mises à bord, et on les trans-