Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

321
seconde patrie.

voulait profiter du vent qui, en deux ou trois bordées, mettrait l’Élisabeth par le travers du cap de l’Est.

Les deux familles remontèrent donc dans le chariot, et l’attelage fut si vivement mené qu’il s’arrêta une heure et demie après à l’entrée de Felsenheim.

Le premier soin fut de mettre la pinasse en état de prendre immédiatement la mer en vue d’un voyage de plusieurs jours auquel se joindraient Mme Zermatt, Mme Wolston et Annah. Elles eussent refusé de rester à Felsenheim, et M. Zermatt n’eut même pas la pensée de le leur proposer.

Dans l’après-midi, la nourriture des animaux étant assurée pour une semaine, la pinasse allait partir, lorsqu’un malheureux contretemps l’en empêcha.

Vers trois heures, le vent, qui avait molli, après avoir halé l’est, souffla bientôt en grande brise. Cependant, bien que la mer dût être forte dehors, l’Élisabeth n’aurait pas hésité à se risquer au delà du cap de l’Est. Mais comment s’élever jusqu’à ce cap contre les violentes lames qui venaient du large ?… Rien que pour quitter son mouillage, elle aurait d’extrêmes difficultés, et dépasser l’îlot du Requin lui eût été sans doute impossible.

Ce fut désespérant !… Attendre, attendre, quand du moindre retard résulterait peut-être l’insuccès des recherches !… Et si ces vents