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seconde patrie.

rènes, – ainsi appelle-t-on les pentes très raides fortement ravinées. Quant au rivage, grèves sablonneuses ou rocheuses qui eussent permis de débarquer, ne se réduisait-il pas à quelque estran, – étroite bande qui découvre à mer basse ?…

M. Wolston, Ernest, Jack, subissant la navrante impression qui se dégageait de cette contrée, restèrent silencieux tandis qu’ils la parcouraient du regard. Et l’on ne s’étonnera pas qu’Ernest fût amené à faire cette réflexion :

«Si, après le naufrage du Landlord, nous avions été jetés sur cette côte, notre bateau de cuves s’y serait brisé, et quelle mort nous attendait… la mort par la faim !

– Vous avez raison, mon cher Ernest, répondit M. Wolston, et, sur ce littoral, il n’y aurait guère eu de salut à espérer… Il est vrai, si vous étiez parvenus à débarquer quelques lieues plus au nord, la terre productive, la campagne giboyeuse se fût offerte à vos yeux… Il est à craindre, pourtant, que cette affreuse région n’ait aucune communication avec l’intérieur, et je ne sais s’il aurait été possible d’y descendre par le revers méridional de la chaîne…

– Ce n’est pas probable, ajouta Jack, mais, en contournant la côte, nous aurions certainement rencontré l’embouchure de la rivière Montrose et la partie fertile de l’île…

– Oui… répondit Ernest, à la condition que notre bateau eût pu remonter vers l’est ou vers