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seconde patrie.

toujours de cette crainte qu’elle ne fût détruite par les rafales pendant la mauvaise saison.

Les deux frères pénétrèrent sous le hangar que les tempêtes avaient respecté, bien que les deux mois et demi d’hiver eussent été trop souvent troublés par les ouragans et les bourrasques.

Il s’agissait à présent de hisser, au mât planté près du hangar, le pavillon blanc et rouge, qui flotterait jusqu’à la fin de l’automne, et de l’appuyer des deux coups de canon annuels.

Tandis que Jack s’occupait de retirer le pavillon de son étui et de le fixer par les angles à la drisse du mât, Fritz examinait les deux caronades braquées en direction du large. Elles étaient en bon état, et il n’y eut qu’à les charger. Afin d’économiser la poudre, Fritz eut soin d’employer une bourre de terre mouillée, ainsi qu’il le faisait d’habitude, — ce qui augmentait l’intensité de la décharge. Puis il introduisit dans la lumière l’étoupille destinée à communiquer le feu au moment où le pavillon monterait en tête du mât.

Il était alors sept heures et demie du matin. Le ciel, dégagé des premières brumes de l’aube, se montrait dans toute sa pureté. Vers l’ouest s’arrondissaient cependant quelques volutes de nuages. Le vent indiquait une tendance à mollir. La baie, resplendissant sous l’averse des rayons solaires, allait tomber au calme plat.

Dès qu’il eut fini, Fritz demanda à son frère s’il était prêt.