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seconde patrie.

soleil dans sa courbe déclinante. Pas une seule clairière, pas un arbre abattu. M. Wolston dut s’applaudir de n’avoir amené ni chariot ni monture. L’attelage des buffles, l’onagre de Jack, n’auraient pu franchir certaines passes où les sapins se pressaient presque à s’enchevêtrer les uns les autres, et il eût été nécessaire de rebrousser chemin.

Vers sept heures du soir, M. Wolston, Ernest et Jack atteignirent la limite méridionale de la sapinière. Telle était la montée du sol que la forêt s’étageait sur les premières ramifications orographiques et les sommets apparurent au moment où le soleil s’abaissait derrière les contreforts qui coupaient l’horizon de l’ouest.

Là s’accumulaient les roches, les débris tombés du haut de la montagne. Là aussi se dégorgeaient de multiples ruisseaux, qui formaient peut-être la source de la rivière Montrose, et que la déclivité du sol envoyait vers le levant.

Commencer l’ascension le jour même et peut-être y consacrer la nuit, c’eût été dangereux. Aussi, malgré leur désir d’atteindre le but, ni M. Wolston ni les deux frères n’en eurent la pensée. Ils cherchèrent et trouvèrent une excavation rocheuse, où ils pourraient se mettre à l’abri jusqu’au jour. Puis, tandis qu’Ernest s’occupait du repas, M. Wolston et Jack allèrent ramasser au pied des derniers arbres des brassées d’herbes sèches, qui furent étalées sur le sable de la grotte. On mangea une couple de