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seconde patrie.

impossible de l’atteindre en un jour, nous en mettrons deux… nous en mettrons trois… mais arrivons au but. »

Les deux frères partageaient l’avis de M. Wolston, étant aussi résolus que lui à pousser l’exploration jusqu’aux montagnes; il n’y eut aucune discussion à ce sujet.

La chair d’antilope, grillée à point sur des braises, quelques gâteaux de manioc, une demi-douzaine des fruits cueillis aux arbres voisins, bananes, goyaves, pommes de cannellier, tel fut le menu de ce repas, lequel ne nécessita qu’une heure de halte. Puis, armes et gibecières replacées sur l’épaule et sur le dos, en se dirigeant au moyen de la boussole, M. Wolston, Ernest et Jack s’engagèrent sous le couvert de la forêt.

En réalité, entre ces sapins aux troncs droits et espacés, le sol assez uni, tapissé d’une herbe ou plutôt d’une sorte de mousse rare, peu fourni de ronces ou de broussailles, se prêtait mieux à la marche. Il n’en eût pas été de même dans les autres forêts aux essences enchevêtrées de parasites et rattachées les unes aux autres par des lianes. En cette vaste sapinière comme en toutes ses pareilles, la circulation ne rencontrait pas de sérieux obstacles. Sans doute, on n’y pouvait suivre aucun sentier frayé, même par le pied des animaux ; mais, tout en obligeant à faire quelques crochets, les arbres laissaient un libre passage.