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seconde patrie.

navires viendront auxquels il sera possible de les vendre ?… demanda Fritz.

— Point du tout, répliqua Jack, et, lorsque nous les vendrons, ce sera au franc marché de la Nouvelle-Suisse…

— Le franc marché, Jack !… À t’entendre, le moment n’est pas éloigné où la Nouvelle-Suisse aura des francs marchés…

— Sans aucun doute, Fritz, comme elle aura des villages, des bourgades, des villes et même une capitale, qui sera naturellement Felsenheim…

— Et quand cela ?…

— Lorsque les districts de la Nouvelle-Suisse posséderont plusieurs milliers d’habitants…

— Des étrangers ?…

— Non, Fritz, non !… affirma Jack, des Suisses, rien que des Suisses… Notre pays d’origine est assez peuplé pour nous envoyer quelques centaines de familles…

— Mais il n’a jamais eu et je doute qu’il ait jamais de colonies, Jack…

— Eh bien, Fritz… il en aura au moins une…

— Hum ! Jack, nos concitoyens ne paraissent pas d’humeur à émigrer.

— Et qu’avons-nous fait, nous ?… s’écria Jack. Est-ce que le goût de la colonisation ne nous est pas venu… non sans quelque profit ?…

— Parce que nous y étions forcés, répondit Fritz. D’ailleurs, si jamais la Nouvelle-Suisse doit se peupler, j’ai grand’peur qu’elle ne justi-