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seconde patrie.


– Ce sera prudent, déclara Jack, et c’est encore le meilleur moyen d’écarter les fauves.

– Sans doute, répondit M. Wolston, mais il serait nécessaire de veiller à tour de rôle, et je crois qu’il vaut mieux dormir… Nous n’avons rien à craindre, il me semble…

– Non, déclara Ernest, je n’ai relevé aucune trace suspecte, et pas un hurlement ne s’est fait entendre depuis que nous avons quitté la vallée de Grünthal. Autant vaut s’épargner la fatigue de veiller l’un après l’autre… »

Jack n’insista pas, et les excursionnistes se mirent en mesure d’apaiser leur faim.

La nuit promettait d’être magnifique, – une de ces nuits où la nature s’endort paisible, et dont aucun souffle ne trouble la tranquillité. Pas une feuille ne remuait aux arbres, pas un craquement n’interrompait le silence de la plaine. Le chien ne donnait point signe d’inquiétude. Du lointain il ne venait pas même un seul de ces rauques aboiements de chacals, bien que ces carnassiers fussent si nombreux sur l’île. Au total, ce ne serait point faire acte d’imprudence que de s’endormir à la belle étoile. M. Wolston et les deux frères dînèrent du reste du déjeuner, de quelques œufs de petites tortues découverts par Ernest et durcis sous la cendre, auxquels ils ajoutèrent les noix fraîches de ces pins pignons qui abondaient dans le voisinage, et dont l’amande a le goût de la noisette.