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seconde patrie.

tour. Il importait de reconnaître l’état des plantations créées depuis quelques années autour du monticule de la batterie.

En effet, ces plantations étaient très exposées aux vents du nord et du nord-est, qui battaient de plein fouet l’îlot avant de s’engouffrer à travers le goulet de la baie du Salut, comme dans un entonnoir. Il se formait même en cet endroit des remous atmosphériques d’une violence extrême, qui plus d’une fois déjà avaient décoiffé de sa toiture le hangar sous lequel étaient placées les deux pièces.

Heureusement, les plantations n’avaient pas trop souffert. Seuls quelques arbres dans la partie septentrionale gisaient sur la grève, et il y aurait lieu de les débiter en vue d’approvisionner Felsenheim.

Quant aux enclos dans lesquels étaient parquées les antilopes, ils avaient été si solidement aménagés que Fritz et Jack n’y remarquèrent aucun dégât. Les animaux trouvaient là une herbe abondante qui assurait leur nourriture pendant toute l’année. Ce troupeau comptait actuellement une cinquantaine de têtes, dont le nombre ne pouvait que s’accroître.

« Et que ferons-nous de toutes ces bêtes ?… demanda Fritz en voyant les gracieux ruminants s’ébattre entre les haies vives des enclos.

— Nous les vendrons… répondit Jack.

— Tu admets donc qu’un jour ou l’autre des