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seconde patrie.


Le hangar sous lequel s’allongeaient les deux pièces avait été incendié pendant la nuit, et n’offrait plus que des débris qui fumaient encore. Le mât de pavillon, fendu sur toute sa longueur, gisait au milieu d’un amas d’herbes et de broussailles à demi consumées. Quant aux arbres, dont les branchages s’entrecroisaient au-dessus de la batterie, ils étaient fracassés jusqu’aux racines, et l’on voyait la trace des flammes qui avaient dévoré leurs hautes branches.

Les deux caronades étaient sur les affûts, trop lourdes pour que la bourrasque eût pu les renverser.

Ernest et Jack avaient apporté des étoupilles, et s’étaient même munis de plusieurs gargousses, afin de pouvoir continuer à tirer, si des détonations venaient du large.

Jack, posté près de la première pièce, y mit le feu.

L’étoupille brûla jusqu’à l’orifice de la lumière, mais le coup ne partit pas.

« La charge était éventée, fit observer M. Wolston, et elle n’a pu s’enflammer…

– Changeons-la, répondit M. Zermatt. Jack, prends l’écouvillon, et tâche de débourrer la pièce… Puis tu y placeras une nouvelle gargousse.»

Mais lorsque l’écouvillon eut été introduit dans la pièce, il en atteignit le fond, à la grande surprise de Jack. L’ancienne gargousse, qui avait été placée à la fin de la belle saison, ne