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seconde patrie.

orages, même quand on peut impunément les braver, mais elles ne s’en effrayaient pas outre mesure.

Le surlendemain, dans la soirée, l’espace fut troublé par le plus terrible de ces météores qui eût éclaté jusque-là. Tous, réunis dans la salle de la bibliothèque, se redressèrent au fracas d’un coup de tonnerre sec et déchirant qui se prolongea en longs roulements à travers les hautes zones du ciel.

Puis, après l’intervalle d’une minute, un profond silence régna au dehors.

À n’en pas douter, la foudre venait de tomber non loin de Felsenheim.

En cet instant, une détonation se fit entendre.

« Qu’est-ce donc ?… s’écria Jack.

– Ce n’est pas le tonnerre… dit M. Zermatt.

– Assurément non, répondit M. Wolston, qui s’approcha de la fenêtre.

– Est-ce un coup de canon qui vient d’être tiré au large de la baie ?… » demanda Ernest.

On écouta, le cœur haletant. Peut-être y avait-il erreur… une illusion d’acoustique… quelque dernier éclat de la foudre à travers l’espace ?… Mais si c’était la décharge d’une bouche à feu, c’est qu’un bâtiment se trouvait en vue de l’île, poussé par la tempête, peut-être en perdition.

Un second coup retentit. C’était le même bruit, donc à la même distance, et, cette fois, aucun éclair ne l’avait précédé…