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seconde patrie.

nable temps se prolonge trop… Ce n’est pas ce que nous avions promis à M. et Mme  Wolston, et je suis sûr qu’Annah nous reproche de l’avoir trompée…

– Non… Jack… non…

– Et qu’elle voudrait s’en aller ! »

Les yeux de la jeune fille répondirent pour elle. Ils disaient combien elle se trouvait heureuse de cette cordiale hospitalité de la famille Zermatt. Son espoir était que jamais rien ne les en séparerait, ses parents et elle !…

Ainsi que l’avait observé Ernest, cette saison des pluies s’achevait généralement par de violents orages qui duraient de cinq à six jours. Le ciel était alors tout incendié d’éclairs, suivis de coups de foudre, à faire croire que s’effondrait la voûte étoilée, et répercutés par les multiples échos du littoral.

Ce fut le 17 août que ces orages s’annoncèrent avec un relèvement de la température, un alourdissement de l’atmosphère, un amoncellement de gros nuages dans le nord-ouest, nuages livides qui dénotaient une haute tension électrique.

Felsenheim, abrité sous sa carapace rocheuse, défiait le vent et la pluie. On n’avait pas à y craindre ces chutes de foudre, si redoutables en pleine campagne ou au milieu de bois qui attirent si facilement le fluide. Sans doute, Mme  Zermatt, Mme  Wolston, Annah n’échappaient pas à l’impression toute physique que produisent les