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seconde patrie.

cices corporels, marcheur infatigable, chasseur intrépide, cet aîné de la famille Zermatt lui faisait honneur. Son caractère un peu dur s’était assoupli. Ses frères ne souffraient plus, comme autrefois, de vivacités qui lui avaient souvent valu les remontrances de son père et de sa mère. Et puis, un autre sentiment avait contribué à modifier en mieux ses propensions naturelles.

En effet, il ne pouvait oublier la jeune fille qu’il avait ramenée de la Roche-Fumante, et Jenny Montrose ne pouvait oublier qu’elle lui devait son salut. Jenny était charmante, avec ses cheveux blonds tombant en boucles soyeuses, sa taille flexible, ses mains fines, cette fraîcheur de carnation qui se reconnaissait sous le hâle de sa figure. En entrant dans cette honnête et laborieuse famille, elle lui avait apporté ce qui manquait jusqu’alors, la joie de la maison, et elle fut le bon génie du foyer domestique.

Mais, si Ernest, Jack, François ne voyaient qu’une sœur dans cette aimable personne, en était-il ainsi de Fritz ?… Était-ce le même sentiment qui lui faisait battre le cœur ?… Et Jenny n’éprouvait-elle pas plus que de l’amitié pour le courageux jeune homme venu à son secours ?… Il s’était passé déjà près de deux ans depuis le si émouvant incident de la Roche-Fumante… Fritz n’avait pu vivre près de Jenny sans s’éprendre d’elle… Et que de fois le père, la mère causaient de ce que réservait l’avenir à cet égard !