Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

228
seconde patrie.

les dictionnaires fussent quelquefois feuilletés. Il y avait des soirées où l’on employait uniquement soit le langage de la Grande-Bretagne, soit celui de la Suisse allemande, et aussi, mais avec moins de facilité, celui de la Suisse française. Ernest et Annah avaient fait seuls de grands progrès dans l’étude de cette belle langue, si nette, si précise, si souple, si propice à l’inspiration des poètes, et qui s’approprie avec tant de justesse à tout ce qui concerne les sciences et les arts. C’était même un plaisir d’entendre parler le français au jeune homme et à la jeune fille, bien qu’on ne les comprît pas toujours.

Il a été dit que le mois de juillet était le plus éprouvé en cette partie de l’océan Indien. Lorsque les tourmentes se modéraient, survenaient d’épais brouillards qui enveloppaient l’île entière. Un navire, passant à quelques encablures seulement, n’aurait pu apercevoir ni les hauteurs du centre ni les caps du littoral. Ces brumes devaient s’étendre bien au-delà en direction de l’est. Aussi pouvait-on craindre que quelque bâtiment vînt se perdre au milieu de ces parages, comme le Landlord et la Dorcas… L’avenir imposerait certainement aux nouveaux colons la nécessité d’éclairer les côtes de la Nouvelle-Suisse, dont l’atterrissement serait très facilité, au moins par le nord.

« Et pourquoi ne construirions-nous pas un phare ?… dit Jack. Voyons… un phare sur le