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seconde patrie.

en éveil, toujours en quête d’aventures, il ne maugréait que contre l’impossibilité de satisfaire ses instincts de chasseur.

En ce qui concerne Ernest et Annah, leurs parents n’en étaient point à observer qu’un sentiment plus vif que celui de l’amitié les attirait l’un vers l’autre. La jeune fille, alors âgée de dix-sept ans, un peu sérieuse et réfléchie, devait nécessairement plaire au sérieux et réfléchi jeune homme, lequel n’aurait su lui déplaire, étant fort agréable de sa personne. Les Zermatt et les Wolston ne pouvaient envisager qu’avec plaisir cette éventualité d’une union dans un avenir plus ou moins rapproché, – union qui resserrerait les liens des deux familles. Du reste, il n’était question de rien. On laissait aller les choses. Tout cela s’arrangerait au retour de la Licorne, qui ramènerait Fritz et Jenny mari et femme. Si quelques malicieuses allusions se produisaient, elles venaient de ce coquin de Jack. D’ailleurs, entêté dans ses idées de célibataire, il ne se montrait point jaloux d’Ernest.

Pendant les repas, pendant les soirées, c’étaient invariablement les absents qui faisaient l’objet de la conversation. On n’oubliait ni le colonel Montrose, ni James et Suzan Wolston, ni Doll, ni François, ni aucun de ceux qui allaient faire de la Nouvelle-Suisse leur Seconde Patrie.

Un soir, M. Zermatt établit le calcul suivant:

« Mes amis, nous voici au 15 juin. Puisque la Licorne est partie depuis le 20 octobre de