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seconde patrie.

tues, chicorées seraient fournis avec abondance par le potager, car l’assolement l’avait rendu extraordinairement productif. Pour les cannes à sucre et les arbres fruitiers, champs et plantations étaient à portée de l’habitation sur les deux rives du cours d’eau. La vendange du vignoble de Falkenhorst fut faite en temps voulu, et, en ce qui concernait l’hydromel, le miel ne manquait pas ni les épices et les gâteaux de seigle destinés à aider sa fermentation. On avait aussi abondance du vin de palmier, sans parler de la réserve du vin des Canaries. Quant à l’eau-de-vie laissée par le lieutenant Littlestone, plusieurs fûts occupaient le frais sous-sol de la cave rocheuse. Le combustible du fourneau de la cuisine était fourni par le bois sec entassé dans les bûchers, et, d’ailleurs, les bourrasques se chargeraient de semer les branches sur les grèves de Felsenheim, en outre de celles que la marée montante poussait aux plages de la baie du Salut. Au surplus, il n’était pas question d’employer ce combustible au chauffage du salon et des chambres. Entre les tropiques, sous le dix-neuvième parallèle, le froid n’est jamais à redouter. Le feu, c’était pour la cuisson, les lessives et autres opérations de ménage.

La seconde quinzaine de mai arriva, et il était temps que ces travaux fussent terminés. Aucune illusion à se faire sur les indices avant-coureurs du prochain mauvais temps. Au coucher du