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seconde patrie.


– Une fumée ?… » répéta Ernest, qui s’était approché, inquiet de cette réponse.

En effet, cette fumée n’aurait pu provenir que d’un campement établi sur cette partie du littoral. De là, ces conséquences inquiétantes : l’île était-elle donc habitée par des indigènes ou des sauvages… Venus de la côte australienne sur leurs pirogues, avaient-ils débarqué, et ne chercheraient-ils pas à gagner l’intérieur ?… À quels dangers eussent été exposés les hôtes de Felsenheim, si ces naturels mettaient jamais le pied sur la Terre-Promise…

« À quel endroit auriez-vous aperçu cette fumée ?… demanda vivement M. Zermatt.

– Là… au-dessus de la dernière pointe que projette le littoral de ce côté. »

Et M. Wolston indiquait l’extrême limite de la terre, à trois lieues environ, laquelle, à partir de cette pointe, disparaissait en se recourbant vers le sud-ouest.

M. Zermatt et Ernest, saisissant la longue-vue l’un après l’autre, regardèrent très attentivement l’endroit signalé.

« Je ne vois rien… dit M. Zermatt.

– Rien… » ajouta Ernest.

Pendant quelques instants encore M. Wolston observa avec une extrême attention.

« Non… je ne distingue plus cette fumée… dit-il. Ce devait être une légère vapeur grisâtre… un petit nuage très bas, qui vient de se dissiper. »

Cette réponse fut rassurante. Toutefois, tant