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seconde patrie.

diatement de la brise matinale qui se levait au large. M. Zermatt jugea, non sans une certaine satisfaction, qu’il serait possible d’être de retour à Felsenheim en une quinzaine d’heures, c’est-à-dire avant la nuit.

Afin d’aller au plus court et de rallier directement le cap de l’Est, l’Élisabeth s’éloigna du littoral d’une bonne demi-lieue. Ses passagers eurent alors une plus complète vue de la côte qui se développait jusqu’à trois ou quatre lieues en direction du sud.

M. Zermatt ayant donné l’ordre de raidir les écoutes, afin de serrer le vent de plus près, la pinasse, tribord amures, fit route vers le cap de l’Est.

À ce moment, M. Wolston, qui se tenait à l’avant, porta la lunette à ses yeux. Après en avoir essuyé le verre, il sembla regarder avec une extrême attention un des points du littoral.

À plusieurs reprises, l’instrument s’abaissa et remonta entre ses mains. Aussi chacun fut-il frappé de l’obstination qu’il mettait à observer l’horizon vers le sud-est.

M. Zermatt, abandonnant la barre à Jack, vint à l’avant de la pinasse dans l’intention de questionner M. Wolston, lorsque celui-ci, retirant la longue-vue de ses yeux, dit :

« Non… je me suis trompé…

– En quoi vous êtes-vous trompé, Wolston… demanda M. Zermatt, et qu’aviez-vous cru voir en cette direction ?…

– Une fumée…