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seconde patrie.

notre service... Va préparer le kaïak, Jack, et, avant une heure, nous serons de retour. »

Mais alors Ernest de dire :

« À quoi bon ce tapage d’artillerie ?… Voilà nombre d’années que nous faisons feu de toutes nos pièces, et cela ne sert guère qu’à troubler les échos de Falkenhorst et de Felsenheim !… Pourquoi dépenser inutilement ces charges de poudre ?…

— Je te reconnais bien là, Ernest !… s’écria Jack. Si un coup de canon coûte tant, il faut qu’il rapporte tant… ou il n’a qu’à se taire!

— Tu as eu tort de parler ainsi, dit M. Zermatt à son second fils, et je ne trouve pas que la dépense soit inutile… Arborer un pavillon sur l’ilot du Requin ne peut suffire, car il ne serait pas aperçu de la pleine mer… tandis que nos coups de canon s’entendent d’une bonne lieue au large… Il serait peu raisonnable de négliger cette chance de signaler notre présence à quelque bâtiment de passage…

— Alors, dit Ernest, il y aurait lieu de tirer tous les matins et tous les soirs…

— Assurément… comme dans les marines militaires… affirma Jack.

— Dans les marines militaires, on ne risque point d’être à court de munitions, fit observer Ernest, qui ne se rendait pas volontiers, étant de beaucoup le plus entêté des quatre frères.

— Rassure-toi, mon fils, la poudre n’est pas près de nous manquer, affirma M. Zermatt. Deux