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seconde patrie.

serait pas ainsi dans quelques semaines, à la saison des pluies, lorsque la chaîne enverrait son tribut à travers l’exutoire naturel de la Montrose.

Cependant, malgré la chaleur, M. Wolston et Ernest nageaient sans se rebuter. Entre les berges assez capricieuses de la rivière au revers des pointes se produisaient des remous qu’ils choisissaient de préférence, afin d’économiser leurs efforts.

« Il ne serait pas impossible, dit M. Wolston, que nous pussions gagner le pied de la chaîne dans laquelle la Montrose doit prendre sa source.

– Vous tenez à votre idée, monsieur Wolston ?… répondit Ernest en hochant la tête.

– J’y tiens, et il est à désirer qu’il en soit ainsi, mon cher enfant. Vous ne connaîtrez véritablement votre île qu’après l’avoir observée sur toute son étendue du haut de ces montagnes, qui, d’ailleurs, ne paraissent pas très élevées.

– J’estime leur hauteur à douze ou quinze cents pieds, monsieur Wolston, et de leur sommet, je le crois comme vous, le regard embrassera la Nouvelle-Suisse tout entière, à moins qu’elle ne soit plus vaste que nous ne le supposons. Au delà de cette chaîne, qu’y a-t-il ?… Si nous ne le savons pas encore, c’est que, depuis douze ans, nous ne nous sommes jamais sentis à l’étroit dans la Terre-Promise…

– D’accord, mon cher Ernest, répondit M. Wolston, mais, à présent, il y a un réel inté-