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seconde patrie.

qu’elles sont cuites à point ! » répondait Jack.

Et de fait, on ne put que se féliciter de ce que le menu du déjeuner et du dîner se compléterait d’une couple de pilets et de canards sauvages que Falb alla ramasser dans le courant de la Montrose.

Il était un peu plus de onze heures, lorsque l’Élisabeth atteignit un second coude de la rivière, qui revenait plus à l’ouest, ainsi qu’Ernest le constata. De sa direction générale, on put déduire avec assez de probabilité qu’elle descendait de la chaîne, encore éloignée de six à sept lieues, laquelle devait lui fournir un apport considérable.

« Il est fâcheux, dit Ernest, que la marée touche à son terme, et que nous ne puissions pousser plus loin…

– Fâcheux, en effet, répondit M. Zermatt, mais voici qu’elle est étale, et le jusant ne tardera pas à se faire sentir. Or, comme nous sommes à l’époque des plus hautes mers, il est certain que le flot ne dépassera guère ce tournant de la Montrose.

– Rien de plus évident, affirma M. Wolston. Il reste donc à décider si nous mouillerons en cet endroit, ou si nous allons profiter du jusant pour revenir à la crique que la pinasse pourrait atteindre en moins de deux heures.»

L’endroit était charmant, et chacun, il faut le dire, éprouvait grande envie d’y demeurer toute la journée. La berge de gauche formait