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seconde patrie.

vaste étendue la région traversée par la Montrose. Cette région était absolument déserte. Le gibier de toute espèce foisonnait entre les herbes, entre les roseaux des berges, des outardes, des coqs de bruyère, des perdrix, des cailles. Si Jack eût envoyé ses chiens fourrager le long des rives et dans les terres voisines, ils n’eussent pas fait cent pas sans poursuivre des lapins, des lièvres, des agoutis, des pécaris, des cabiais. À ce point de vue, ce territoire valait les alentours de Falkenhorst et des métairies, – même pour l’engeance simienne qui cabriolait d’un arbre à l’autre. À quelque distance filaient aussi des bandes d’antilopes, de la même espèce que celles qui étaient parquées à l’îlot du Requin. Des troupeaux de buffles se montraient également à plus d’une lieue dans la direction de la chaîne, et, parfois, on voyait bondir au loin des troupes d’autruches, moitié courant, moitié volant. Ce jour-là, M. Zermatt et ses deux fils ne les prirent pas pour des Arabes comme les premières qu’ils avaient aperçues des hauteurs de l’ermitage d’Eberfurt.

Jack, on l’imagine sans peine, enrageait d’être cloué sur le pont de l’Élisabeth, de ne pouvoir sauter à terre, d’assister au passage de ces quadrupèdes et de ces volatiles sans les saluer d’un coup de fusil. Il est vrai, à quoi eût servi d’abattre ce gibier, puisque la nécessité ne le commandait pas ?…