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seconde patrie.

ou six pieds au-dessus d’un fond de sable.

Vers sept heures, des clapotements, avant-coureurs du flux, bruirent le long des roches, et la pinasse n’aurait pas tardé à éviter sur son ancre, si elle n’eût été retenue par l’amarre d’arrière.

M. Wolston et Ernest, débarqués depuis le lever du jour, revenaient en ce moment, après avoir observé l’état de la crique en aval. Ils n’eurent qu’à sauter sur le pont pour rejoindre M. et Mme Zermatt, Mme Wolston et sa fille. Manquait Jack, qui, suivi de ses deux chiens, s’était mis en chasse. Quelques détonations signalaient à la fois sa présence aux environs et ses succès de chasseur. Il ne tarda pas à reparaître, la gibecière gonflée de deux couples de perdrix et d’une demi-douzaine de cailles.

« Je n’ai perdu ni mon temps ni ma poudre, dit-il en jetant sur l’avant son gibier au plumage agrémenté de vives couleurs.

– Nos compliments, lui répondit son père, et maintenant ne perdons rien non plus de la marée montante… Largue l’amarre et embarque. »

Jack, ayant exécuté cet ordre, s’élança sur le pont avec ses chiens. L’ancre étant à pic déjà, il n’y eut qu’à la relever au bossoir. La pinasse fut aussitôt saisie par le flot, et, sous la poussée d’une légère brise qui soufflait du large, elle gagna l’embouchure de la rivière Montrose.