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seconde patrie.

amures à tribord. Le flot, ayant encore une heure à monter, l’y aidait. La mer ne se brisait nulle part. Il est vrai, peut-être au plus bas du jusant, des récifs surgissaient-ils ça et là entre les clapotis du ressac.

Du reste, aucune mesure de prudence ne fut négligée. M. Zermatt, au gouvernail, M. Wolston et Ernest, postés à l’avant, Jack, achevalé sur les barres, observaient la passe dont l’Élisabeth tenait le milieu. Mme  Zermatt, Mme  Wolston et sa fille étaient assises sur le tillac. Personne ne parlait sous la double impression de la curiosité et d’une vague inquiétude à l’approche de cette contrée nouvelle, où, pour la première fois sans doute, des humains allaient mettre le pied. Le silence n’était troublé que par le murmure de l’eau le long de la coque, auquel se mêlaient le battement des voiles qui faséyaient, les indications envoyées par Jack, le cri des goélands et des mouettes, fuyant d’un vol effarouché vers les rochers de la crique.

Il était onze heures lorsque l’ancre tomba près d’une sorte de quai naturel, à gauche de l’embouchure, et qui se prêtait à un facile débarquement. Un peu en arrière, de grands palmiers offraient un abri suffisant contre les rayons du soleil arrivé presque à sa culmination méridienne. Après avoir déjeuné, on verrait à organiser une reconnaissance vers l’intérieur.

Inutile de dire que l’embouchure de cette rivière paraissait être aussi déserte que l’était