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seconde patrie.

d’une demi-lieue au large. Puis, lorsqu’elle piqua de nouveau sur la côte, ce fut pour se diriger vers la crique où débouchait la vallée observée des hauteurs de la baie de la Licorne.

« Une rivière… il y a une rivière !…» s’écria Jack, qui s’était hissé au capelage du mât de misaine.

M. Zermatt, sa lunette aux yeux, examinait cette partie du littoral, et voici ce qui s’offrait à la vue :

À droite, – après s’être coudé brusquement, le parement de la falaise remontait les pentes de l’intérieur. À gauche, la côte se terminait par un cap très éloigné, – trois ou quatre lieues au moins, – mais la campagne était toute verdoyante de prairies et bois, étages jusqu’à l’extrême horizon. Entre ces deux points s’arrondissait la crique qui formait un port naturel, couvert par des courtines rocheuses contre les mauvais vents de l’est, et dont les passes semblaient être aisément praticables.

À travers cette crique se jetait une rivière ombragée de beaux arbres, aux eaux limpides et calmes. Elle paraissait navigable et son cours s’infléchissait vers le sud-ouest, autant qu’on en pouvait juger de cette distance.

Il était tout indiqué que la pinasse vînt relâcher en cet endroit, où s’offrait un bon mouillage. Après avoir mis le cap en ligne sur la passe qui y donnait accès, sa voilure réduite à la brigantine et au foc, elle serra le vent,