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seconde patrie.

nuer en pleine sécurité sa navigation le long du littoral.

À six heures, tout le monde sur le pont, les amarres furent larguées. Avec sa misaine, sa brigantine, ses focs amures et bordés, le petit bâtiment, dès qu’il eut dépassé la pointe, prit le large où le vent se faisait mieux sentir. Une demi-heure après, cap au sud, M. Wolston à la barre, l’Élisabeth suivait les méandres de la côte à la distance d’une dizaine d’encablures, de manière que le regard pût en observer les moindres détails depuis la dentelure des grèves jusqu’à l’arête des falaises rocheuses.

À l’estime, quatre à cinq lieues devaient séparer la baie de la Licorne de la vallée relevée en direction du sud. Deux ou trois heures suffiraient à franchir cette distance. La marée, qui montait depuis le lever du soleil, portait en ce sens et serait probablement étale lorsque l’Élisabeth arriverait à destination. On verrait alors, d’après la nature des lieux et selon les éventualités, ce qu’il conviendrait de faire.

De chaque côté de l’Élisabeth, par bandes rapides, filaient en se jouant de superbes esturgeons, dont quelques-uns mesuraient de sept à huit pieds. Bien que Jack et Ernest eussent le vif désir de les harponner, M. Zermatt ne put leur accorder cette permission. D’ailleurs, à quoi bon s’attarder dans cette pêche ? Des maquereaux et des vives qui se prennent en marche, soit. Aussi, les lignes, mises