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seconde patrie.

de la zone méridionale. L’hiver n’avait pas été très rigoureux sous cette latitude du dix-neuvième degré entre l’Équateur et le tropique du Capricorne. Les hôtes de la Nouvelle-Suisse allaient pouvoir reprendre leurs travaux accoutumés.

Après onze ans passés sur cette terre, ce n’était pas trop tôt de chercher à reconnaître si elle appartenait à l’un des continents que baigne l’océan Indien, ou si les géographes devaient la comprendre parmi les îles de ces parages. Sans doute, depuis que la jeune Anglaise avait été recueillie par Fritz sur la Roche-Fumante, M. Zermatt, sa femme, ses quatre fils et Jenny Montrose étaient aussi heureux qu’on peut l’être. Il est vrai, les craintes de l’avenir et ses chances si improbables que le salut vînt du dehors, le souvenir du pays, le besoin de reprendre contact avec l’humanité, se faisaient parfois sentir, et n’est-ce pas une loi de nature qui s’impose à toute créature humaine ?

Donc, ce jour-là, de bon matin, M. Zermatt, traversant l’enclos de Felsenheim, se promenait sur la rive du ruisseau des Chacals. Fritz et Jack l’y avaient devancé, munis de leurs engins de pêche. François ne tarda pas à les rejoindre. Quant à Ernest, toujours peu matinal, ne détestant pas de rester quelques instants de plus entre les draps, il n’avait pas encore quitté son lit.