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seconde patrie.

accéder que par une étroite coupure ménagée en son milieu.

Les deux familles parcoururent d’abord cette grève sur laquelle se distinguaient encore les traces de campement. Çà et là, quelques empreintes conservées dans le sable au-dessus du relais de la mer, des débris de bois provenant des réparations faites à la corvette, les trous de pieux qui fixaient les tentes au sol, des morceaux de houille épars entre les galets, et les cendres des foyers.

Cet état de choses amena M. Zermatt à émettre les réflexions suivantes, très justifiées par les circonstances :

« Supposons, dit-il, que cette visite à la côte orientale de l’île, nous la fassions aujourd’hui pour la première fois. Devant ces preuves indiscutables d’un débarquement dont les traces eussent été récentes, de quels regrets, de quel chagrin aurions-nous été saisis !… Ainsi donc un navire était venu mouiller à cette place, son équipage avait campé au fond de cette baie, et nous n’en avions pas eu connaissance !… Et, après avoir quitté ce littoral si aride, pouvait-on espérer qu’il y voudrait jamais revenir ?…

– Ce n’est que trop vrai, répondit Betsie. À quoi a-t-il tenu que nous ayons appris l’arrivée de la Licorne ?…

– À un hasard… dit Jack, un pur hasard !

– Non, mon fils, répondit M. Zermatt, et, quoi qu’en ait dit Ernest, c’est à cette habitude