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seconde patrie.

rencontrer des indigènes, tels que ceux de l’Andaman et du Nicobar, de si féroce réputation ?…

– Enfin, reprit M. Zermatt, chaque jour amenait une occupation que la nécessité ne nous permettait pas de remettre… Chaque année nouvelle nous imposait les travaux de l’année précédente… Et puis, les habitudes prises, l’accoutumance au bien-être, nous enracinaient pour ainsi dire à cette place… et voilà pourquoi nous ne l’avons jamais quittée !… Ainsi se sont écoulés les ans, et il semble que nous soyons arrivés d’hier. Que voulez-vous, mon cher Wolston, nous étions bien dans ce district, et nous n’avons pas pensé qu’il fût sage d’aller chercher mieux au dehors !

– Tout cela est juste, répondit M. Wolston, mais, pour mon compte, je n’aurais pu résister pendant tant d’années au désir d’explorer la contrée vers le sud, l’est et l’ouest…

– Parce que vous êtes de sang anglais, répondit M. Zermatt. et que vos instincts vous poussent à voyager. Mais nous sommes de ces Suisses, paisibles et sédentaires, qui ne quittent qu’à regret leurs montagnes… des gens qui aiment à rester chez eux, et, sans les circonstances qui nous ont obligés d’abandonner l’Europe…

– Je proteste, père, répliqua Jack, je proteste en ce qui me concerne !… Tout Suisse que je suis, j’aurais aimé à courir le monde !