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seconde patrie.

la permission d’emporter leurs fusils, et il semblait que cette gent volatile le sût bien. On était venu pour se promener, non pour chasser.

« Je demande, avait dit au départ Mme Zermatt, appuyée par Annah Wolston, je demande qu’on épargne aujourd’hui toutes ces créatures inoffensives… »

Ernest, que les succès cynégétiques ne passionnaient pas autrement, avait consenti de bonne grâce ; mais Jack s’était fait prier. À sortir sans son fusil, qui, à l’en croire, faisait partie de lui-même, il se regardait comme amputé d’un bras ou d’une jambe.

« Je peux toujours le prendre, quitte à ne pas en faire usage, avait-il dit. Quand même une compagnie de perdreaux me partirait à vingt pas, je m’engage à ne pas tirer…

– Vous ne seriez pas capable de tenir votre engagement, Jack, avait répondu la jeune fille. Avec Ernest, il n’y aurait pas à s’inquiéter… tandis qu’avec vous…

– Et si quelque fauve se montrait, panthère, ours, tigre, lion… Il y en a dans l’île…

– Pas sur la Terre-Promise, avait répliqué Mme Zermatt. Allons, Jack, fais-nous cette concession… Il te restera trois cent soixante-quatre jours dans l’année…

– Est-elle au moins bissextile ?…

– Non… avait répliqué Ernest.

– Pas de chance ! » s’était écrié le jeune chasseur.