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seconde patrie.

Fritz la rassura d’un geste, et lui dit en anglais :

« Ne craignez rien, miss… Je ne vous veux aucun mal… Je suis venu pour vous sauver… »

Et, avant qu’elle eût pu répondre, il raconta comment un albatros était tombe entre ses mains, un albatros qui portait un billet demandant secours pour l’Anglaise de la Roche-Fumante… Il dit qu’à quelques lieues dans l’est il y avait une terre où vivait toute une famille de naufragés.

Alors, après s’être agenouillée pour remercier Dieu, la jeune fille lui tendit les mains et lui exprima sa reconnaissance. Puis, elle raconta brièvement son histoire et invita Fritz à visiter sa misérable installation.

Fritz accepta, à la condition que cette visite fût courte. Le temps pressait, et il lui tardait de ramener la jeune Anglaise à Felsenheim.

« Demain, répondit-elle, demain nous partirons, monsieur Fritz… Laissez-moi encore passer cette soirée sur la Roche-Fumante, puisque je ne devrai plus jamais la revoir…

— Demain donc, » répondit le jeune homme.

Et, avec les provisions de Jenny, jointes à celles que contenait le kaïak, tous deux partagèrent un repas pendant lequel ils se racontèrent leur histoire extraordinaire…

Enfin, sa prière faite, Jenny se retira au fond le la grotte, tandis que Fritz se couchait à l’entrée comme un fidèle chien de garde.