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seconde patrie.

elle s’était emparée un billet qui faisait connaître son abandon sur la Roche-Fumante. Quant à en désigner le gisement, elle ne le pouvait. Dès qu’elle lui eut rendu la liberté, l’oiseau prit son vol vers le nord-est, et quelle apparence qu’il dût jamais revenir à la Roche-Fumante ?…

Plusieurs jours se passèrent sans qu’il eût reparu. Le faible espoir que la jeune fille avait mis dans cette tentative s’évanouit peu à peu. Pourtant elle ne voulut pas désespérer. Puisque le secours qu’elle attendait n’était pas venu de cette façon, il viendrait d’une autre.

Tel fut le récit détaillé que Jenny fit à la famille Zermatt. Plus d’une fois des pleurs coulèrent, car il était impossible de l’entendre sans être ému. Et que de baisers Betsie prodigua à sa nouvelle fille pour sécher ses larmes !

Restait à apprendre dans quelles conditions Fritz avait découvert la Roche-Fumante.

On le sait, lorsque la chaloupe quitta la baie les Perles, Fritz, qui la précédait dans son caïak, prévint son père, par un billet, de son intention d’aller à la recherche de la jeune Anglaise. Aussi, après avoir dépassé l’arche, au lieu de suivre la côte à l’est, il s’éloigna dans le sens opposé.

Le littoral était semé de récifs et bordé de roches énormes. Au delà se massaient des arbres aussi beaux que ceux de Waldegg ou d’Eberfurt. De nombreux cours d’eau venaient se déverser au fond des petites baies. Cette côte