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seconde patrie.

partit quelques jours avant celui qui devait emmener le colonel.

Mauvaise traversée dès le début : au sortir du golfe du Bengale, tempêtes qui se déchaînèrent avec une extrême violence ; puis, poursuite dîne frégate française, qui obligea la Dorcas à chercher refuge dans le port de Batavia.

Lorsque l’ennemi eut quitté ces parages, la Dorcas remit à la voile et se dirigea vers le cap le Bonne-Espérance. La navigation fut très contrariée à cette époque des gros temps. Les vents défavorables se maintinrent avec une persistance extraordinaire. La Dorcas fut déviée de sa route par une tourmente venue du sud-est. De toute une semaine, le capitaine Greenfield ne put relever sa position. Bref, il n’aurait su dire en quels parages de l’océan Indien l’avait jeté la tempête, lorsque son navire, pendant la nuit, se heurta contre un écueil.

Une côte inconnue s’élevait à quelque distance, et tout d’abord, l’équipage, se jetant dans la première chaloupe, essaya de la gagner. Jenny Montrose, sa femme de chambre, quelques passagers descendirent dans la seconde. Déjà le navire se disloquait, et il fallait l’abandonner au plus vite.

Une demi-heure après, la seconde chaloupe chavirait sous un coup de mer, alors que la première disparaissait au milieu des ténèbres.

Quand Jenny reprit connaissance, elle se trouvait sur une grève où la houle l’avait déposée,