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seconde patrie.

Comment peindre l’accueil qui fut fait à Jenny Montrose et avec quelle tendresse Mme Zermatt la pressa dans ses bras ! En attendant qu’elle racontât son histoire, Jenny savait déjà par Fritz celle de la Nouvelle-Suisse et des naufragés du Landlord.

La pinasse quitta aussitôt la baie des Perles avec toute la famille accrue de la jeune Anglaise. De part et d’autre, on parlait assez l’anglais et l’allemand pour se comprendre. Que de marques d’affection furent prodiguées pendant ce voyage de retour !… C’étaient un père, une mère, des frères, que venait de retrouver Jenny !… C’était une fille que M. et Mme Zermatt, c’était une sœur que Fritz, Ernest, Jack et François, ramenaient dans leur chère demeure de Felsenheim !

Il va de soi que l’Élisabeth emportait les quelques ustensiles fabriqués par la jeune Anglaise pendant son séjour sur la Roche-Fumante. N’était-il pas naturel que la pauvre abandonnée tînt à ces objets qui lui rappelaient tant de souvenirs ?

Et puis, il y avait aussi deux êtres vivants, deux compagnons fidèles dont Jenny n’aurait du se séparer, — un cormoran dressé pour la pêche, un chacal apprivoisé qui ferait certainement bon ménage avec celui de Jack.

Dès son départ, l’Élisabeth fut favorisée par me fraîche brise qui permit d’utiliser toute sa voilure. Le temps était si sûr que M. Zermatt ne