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sans dessus dessous.

meuble meublant, et n’était-ce pas tout ce qu’il y avait de plus immeuble au monde ?

En effet, cela paraissait illogique. Pourtant, il en serait ainsi. L’ensemble des régions arctiques devait être vendu dans ces conditions, et le contrat n’en serait pas moins valable. Et, au fait, cela n’indiquait-il pas que, dans la pensée de la North Polar Practical Association, l’immeuble en question tenait également du meuble, comme s’il eût été possible de le déplacer. Aussi, cette singularité ne laissait-elle pas d’intriguer certains esprits éminemment perspicaces — très rares, même aux États-Unis.

D’ailleurs, il existait un précédent. Déjà une portion de notre planète avait été adjugée dans une salle des Auctions, par l’entremise d’un commissaire-priseur aux enchères publiques. En Amérique précisément.

En effet, quelques années avant, à San Francisco de Californie, une île de l’Océan Pacifique, l’île Spencer[1], fut vendue au riche William W. Kolderup, battant de cinq cent mille dollars son concurrent J. R. Taskinar,

  1. Voir L’École des Robinsons du même auteur.