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sans dessus dessous.

que les Américains fussent plus particulièrement intéressés à devenir propriétaires de ce point inaccessible du globe terrestre. Eux aussi, ils avaient souvent tenté de l’atteindre, tout en se dévouant à la recherche de sir John Franklin, avec Grinnel, avec Kane, avec Hayes, avec Greely, avec De Long et autres hardis navigateurs. Eux aussi pouvaient exciper de la situation géographique de leur pays, qui se développe au delà du Cercle polaire, depuis le détroit de Behring jusqu’à la baie d’Hudson. Toutes ces terres, toutes ces îles, Wollaston, Prince-Albert, Victoria, Roi-Guillaume, Melville, Cockburne, Banks, Baffin, sans compter les mille îlots de cet archipel, n’étaient-elles pas comme la rallonge qui les reliait au quatre-vingt-dixième degré ? Et puis, si le Pôle nord se rattache par une ligne presque ininterrompue de territoires à l’un des grands continents du globe, n’est-ce pas plutôt à l’Amérique qu’aux prolongements de l’Asie ou de l’Europe ? Donc rien de plus naturel que la proposition de l’acquérir eût été faite par le gouvernement fédéral au profit d’une Société américaine, et, si une Puissance avait les droits les moins discutables à posséder le domaine polaire,