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sans dessus dessous.

vaine ! Cela ne balancerait pas la perte due à la terrible inondation.

Ah ! s’il n’y avait eu à disparaître sous les nouvelles mers que des Samoyèdes ou des Lapons de Sibérie, des Fuéggiens, des Patagons, des Tartares même, des Chinois, des Japonais ou quelques Argentins, peut-être les États civilisés auraient-ils accepté ce sacrifice ? Mais trop de Puissances avaient leur part de la catastrophe pour ne pas protester.

En ce qui concerne plus spécialement l’Europe, bien que sa partie centrale dût rester presque intacte, elle serait surélevée dans l’ouest, surbaissée dans l’est, c’est-à-dire à demi asphyxiée d’un côté, à demi noyée de l’autre. Voilà qui était inacceptable. En outre, la Méditerranée se viderait presque totalement, et c’est ce que ne toléreraient ni les Français, ni les Italiens, ni les Espagnols, ni les Grecs, ni les Turcs, ni les Égyptiens, auxquels leur situation de riverains crée d’indiscutables droits sur cette mer. Et puis, à quoi servirait le canal de Suez, qui était épargné par sa position sur la ligne neutre ? Comment utiliser les admirables travaux de M. de Lesseps, lorsqu’il n’y aurait plus de Méditer-