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sans dessus dessous.

Et, si quelques âmes charitables s’étaient inquiétées des « inondés de Mars » et avaient proposé d’ouvrir des souscriptions en leur faveur, que serait-ce lorsqu’il faudrait s’inquiéter des inondés de la Terre ?

Les protestations commencèrent donc à se faire entendre de toutes parts, et le gouvernement des États-Unis fut mis en demeure d’aviser. À tout prendre, mieux valait ne point tenter l’expérience que de s’exposer aux catastrophes qu’elle réservait à coup sûr. Le Créateur avait bien fait les choses. Nulle nécessité de porter une main téméraire sur son œuvre.

Eh bien, le croirait-on ? Il se trouvait des esprits assez légers pour plaisanter de choses si graves !

« Voyez-vous ces Yankees ! répétaient-ils. Embrocher la Terre sur un autre axe ! Si encore, à force de tourner sur celui-ci depuis des millions de siècles, elle l’avait usé au frottement de ses tourillons, peut-être eût-il été opportun de le changer comme on change l’essieu d’une poulie ou d’une roue ! Mais n’est-il donc pas en aussi bon état qu’aux premiers jours de la création ? »

À cela que répondre ?