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sans dessus dessous.

auront toujours des secrets pour leurs adeptes.

Mentionnons, au passage, qu’Alcide Pierdeux était célibataire. Comme il le disait volontiers, il était encore « égal à un, » bien que son plus vif désir eût été de se doubler. Aussi, ses amis avaient-ils déjà pensé à le marier avec une jeune fille charmante, gaie, spirituelle, une provençale de Martigues. Malheureusement, il y avait un père qui répondit aux premières ouvertures par la « martigalade » suivante :

« Non, votre Alcide est trop savant ! Il tiendrait à ma pauvrette des conversations inintelligibles pour elle !… »

Comme si tout vrai savant n’était pas modeste et simple !

C’est pourquoi, très dépité, notre ingénieur résolut de mettre une certaine étendue de mer entre la Provence et lui. Il demanda un congé d’un an, il l’obtint, et ne crut pas pouvoir le mieux employer qu’en allant suivre l’affaire de la North Polar Practical Association. Et voilà pourquoi, à cette époque, il se trouvait aux États-Unis.

Donc, depuis qu’Alcide Pierdeux était à Baltimore, cette grosse opération de Barbicane