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Pendant cette journée du 16 juin, l’aéronef ne prit qu’une vitesse modérée. Il semblait raser la surface de cette mer si calme, tout imprégnée de soleil, qu’il dominait seulement d’une centaine de pieds.

À leur tour, Uncle Prudent et son compagnon étaient restés dans leur roufle, afin de ne point rencontrer Robur qui se promenait en fumant, tantôt seul, tantôt avec le contremaître Tom Turner. Il n’y avait qu’un demi-jeu d’hélices en fonction, et cela suffisait à maintenir l’appareil dans les basses zones de l’atmosphère.

En ces conditions, les gens de l’Albatros auraient pu se donner, avec le plaisir de la pêche, la satisfaction de varier leur ordinaire, si ces eaux du Pacifique eussent été poissonneuses. Mais, à sa surface, apparaissaient seulement quelques baleines, de cette espèce à ventre jaune qui mesure jusqu’à vingt-cinq mètres de longueur. Ce sont les plus redoutables cétacés des mers boréales. Les pêcheurs de profession se gardent bien de les attaquer, tant leur force est prodigieuse.

Cependant, en harponnant une de ces baleines, soit avec le harpon ordinaire, soit avec la fusée Flechter ou la javeline-bombe, dont il y avait un assortiment à bord, cette pêche aurait pu se faire sans danger.

Mais à quoi bon cet inutile massacre ? Toutefois, et, sans doute, afin de montrer aux deux membres du Weldon-Institute ce qu’il pouvait obtenir de son aéronef, Robur voulut donner la chasse à l’un de ces monstrueux cétacés.

Au cri de « baleine ! baleine ! » Uncle Prudent et Phil Evans sortirent de leur cabine. Peut-être y avait-il quelque navire baleinier en vue… Dans ce cas, pour échapper à leur prison volante, tous deux eussent été capables de se précipiter à la mer, en comptant sur la chance d’être recueillis par une embarcation.

Déjà tout le personnel de l’Albatros était rangé sur la plate-forme. Il attendait.

« Ainsi, nous allons en tâter, master Robur ? demanda le contremaître Turner.

― Oui, Tom, » répondit l’ingénieur.

Dans les roufles de la machinerie, le mécanicien et ses deux aides étaient